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mardi 28 février 2012

La plus belle des mélodies

Écrit dans le cadre des défis littéraires de Babelio, il me fait plaisir de vous partager un texte qui a ravi les babelionautes (et je n'ai dit pas cela avec prétention!)

La plus belle des mélodies
 
Mélodie était couchée dans son lit. Elle regardait le plafond. Au loin, elle entendait le bruissement du vent et le stridulement des criquets. Son oreille distinguait les plaintes lointaines de la ville qui s’apprêtait à sombrer dans les bras du marchand de sable. Quelques voitures grondaient au loin. Elle entendit une moto partir et celle-ci dut surement faire une trace. Le bruit de son départ avait raisonné au loin. C’était la rumeur de la ville qu’elle percevait au travers les moustiquaires de sa fenêtre.

Elle aurait aimé entendre le déferlement des vagues sur les rochers, les feuilles partir au vent, les légers craquements des brindilles sous le poids léger de la faune. Un doux mélange de cacophonie de la nature, euphorie relaxante. Cependant, ce qu’elle entendait c’était les coups de fusil et les cris. La télévision menaçait de faire trembler les murs de sa chambre. Il ne valait pas le coup de se lever et d’aller se plaindre; elle se serait fait rabrouée en se faisant rappeler avec un ton empreint d’une légère crispation qu’ils étaient chez eux ici et qu’ils pouvaient écouter leur télévision au volume qu’il voulait.

Alors, elle retenait ses larmes. Son téléphone cellulaire reposait à ses côtés. Elle avait choisi le thème de la Mélodie du bonheur comme sonnerie. Or, le bonheur ne sonnait pas souvent à sa porte. Elle le regardait là, impassible. Elle savait qu’il ne sonnerait pas pour elle, mais elle le regardait tout de même, attendant que le miracle se produise. Elle n’avait personne à qui elle pouvait téléphoner pour proposer une activité afin d’échapper au rythme infernal de la danse de ses émotions. Elle enrageait au fond d’elle d’endurer ce vacarme, si lointain dans son cœur, mais si proche qu’elle essayait de l’ignorer, en vain.

Mélodie n’en put plus de ces cris stridents, sans but précis. Elle alluma la radio afin de faire compétition au vacarme du bruitage d’un film qui ne serait jamais un classique, encore moins un chef-d’oeuvre. Celle-ci laissait transparaître des accords épars et une musique qui semblait n’aller nulle part. On aurait dit des compositions faites sur le bout d’un comptoir, sans égard aux mots, sans égard aux émotions, sans aucune notion de solfège. Toutes les musiques étaient composées sur des airs de techno désabusés. Les rimes étaient plates, aucune n’était riche. Cela la désolait. Elle avait l’impression que l’on faisait honte à Vigneault, Leclerc, Lennon, Piaf, et bien d’autres plus grands encore. Ces grands l’avaient bercé lors de son enfance au rythme envoûtant de leur symphonie et de leur accord à faire frémir les poils sur le bras. Ils l’avaient même bercé bien avant sa naissance et c’est sous les coups de pied intenses sous les chants que sa mère avait décidé de l’appeler Mélodie. Elle essaya de se concentrer sur les paroles pour découvrir une once de poésie, mais les rythmes effrénés qui se juxtaposaient mal la déconcentraient.

Elle enrageait de ne pas pouvoir apprécier cette beauté du monde. Elle tenait tant à relaxer en ce moment où elle le nécessitait. Elle aurait bien joué du piano, mais ses doigts étaient trop courts pour devenir prodigue. De la flûte traversière, mais elle n’avait aucun souffle pour tenir la note bien qu’elle ait un souffle de sportive, un souffle trop saccadé pour rendre les notes en toute harmonie. Du violon, oui, elle pourrait, mais elle n’était pas assez persévérante pour apprendre les partitions des œuvres classiques des plus anciens compositeurs. Elle préférait se décourager de la déchéance des harmonies du monde, et pas seulement des harmonies musicales. L’horreur rôdait autour d’elle, et cette horreur ne l’aidait pas à percevoir qu’elle seule était l’artisane de sa mélodie du bonheur.

Elle aurait plutôt du s’appeler Mélancolie, et non Mélodie. Mais il n’en demeurait pas moins que les mélancolies et les tristesses de ce monde couchaient les plus belles symphonies à travers les cordes du papier sur lequel elles prenaient vie et forme. L’écho des émotions vibrait à travers les mots et le solfège y était déposé par la suite. Cela rendait toute création magnifique, magique et on s’en laissait imprégnée au fond de nous, selon notre vécu. Mélodie rageait de ne pouvoir en faire partie au travers du brouhaha qui étreignait son cœur.

Elle se leva et prit un crayon. Elle le laissa courir sur le papier. Elle laissait sa rage, ses inquiétudes, ses déchirures la guider. Elle couchait les mots sur le papier à la vitesse de l’éclair. Mélodie se laissait guider au rythme de ses pulsations. Toute la noirceur de son existence se retrouvait prisonnière du papier. Elle avait le rythme en elle. Elle tentait de décrire la beauté et l’espérance pour la sortir de l’enfer où elle sombrait peu à peu. Elle avait été morcelée dans son enfance et écrivait pour sa délivrance. Elle était prisonnière de son cœur, mais savait que la liberté et l’indépendance serait pour elle bientôt. Elle voyait les mots se former sur le papier, les rayures barrer ces mauvais moments pour ne garder que la plus belle symphonie de la mémoire de sa vie. La plume était vive, triste, intuitive, joyeuse. Au travers du bruit ambiant, Mélodie avait trouvé son cocon qui la transformait en papillon et épuisait les mots du cœur au travers des partitions de sa mélancolie. Elle couchait la plus belle mélodie, le plus beau lyrisme, la plus belle poésie, la plus belle prose, envoûtante, berçante, mystérieuse, la mélodie des mots.
® ©isallysun ©

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