Quelques-uns de mes écrits, que ce soit de courtes nouvelles, des contes ou des poèmes!

Je mets mon coeur sur papier
Pour que soient gravées
Toutes mes émotions dans l'éternité
Je rappelle que tous les textes présents sur ce blog sont ma propriété! Merci de la respecter. Ce qui veut dire que si vous utilisez ne serait-ce qu'un extrait, vous devez en citer la source! Et vous ne pouvez les utiliser pour en tirer profit. Et je ne vous permets pas d'en prendre l'intégralité. Merci.

mardi 26 mars 2013

La chasse aux oeufs



Ce matin-là, un lapin se dirigea vers la source de la rivière pour y cueillir l’eau pure et regorgeant de propriétés magiques en cette journée. Comme les années précédentes, il traînait avec lui une gourde en forme de carotte à laquelle boiraient ses enfants. Ces derniers dormaient sous l’œil attentif de leur mère avant de partir à la traditionnelle chasse organisée par le maire. Exalté par la perspective de celle-ci, le lapin s’exécuta rapidement et revint au terrier. La lapine réveilla les jeunes rongeurs tout excités face à la vue de la journée à venir. Pour les calmer et les faire profiter des vertus merveilleuses de l’eau, leur père les fit boire à la gourde, mais il ne prit aucune gorgée croyant que la chance allait de paire avec la cueillette. Il discuta de la stratégie à adopter afin que les lapereaux dénichent les cachettes et récoltent les œufs qui s’y trouveraient.

Dans l’espoir d’être proclamés victorieux, les habitants du terrier partirent à la quête des œufs pour en ramener autant que possible au maire. Tout allait pour le mieux : chacun des enfants filait à tour de rôle en collecter un quand, soudain, le plus jeune de ceux-ci se trouva face au lièvre. Participant à la compétition, le sauvageon voulait dérober l’œuf au lapereau. Le lapin le vit faire, accourut à la défense de son bébé et rappela les règles, mais le voleur les transgressa et frappa son adversaire. Ce dernier dut se défendre malgré les regards outragés de la lapine qui ne voulait pas que son cadet aperçoive cette bataille. En allant chercher son fils pour éviter qu’il reçoive des coups, elle en profita pour ramasser l’œuf qu’il avait déniché. Le combat continua : les adversaires roulaient l’un par-dessus l’autre et les glapissements emplissaient l’air. Parvenant à se libérer, le tricheur réalisa que l’objet de sa convoitise n’était plus là. Il déguerpit à la recherche de nouveaux trésors, sachant que, même s’il n’avait pas mis la main sur celui-ci, il avait fait perdre un temps précieux à la famille lapinesque et cela le comblait. 

Le lièvre parti, les lapins retournèrent dans les sentiers poursuivre leur investigation. Le cœur léger, blaguant et riant aux éclats, ils serpentaient à travers les arbres qui semblaient leur chuchoter le chemin à prendre. Les jeunes cueillaient toujours successivement les coquilles blanches découvertes, et les remettaient à leur mère. Puis, ils virent qu’un œuf était sur l’une des plus hautes branches d’un érable. Un lapereau tenta d’y grimper, mais il n’y parvint pas même en prenant appui sur l’entaille faite pour récolter le suc. Il fit plusieurs tentatives infructueuses et il s’affaissa auprès des siens. À cet instant-là, l’écureuil qui sortit de son trou eut plein d’empathies pour la famille à ses pieds. Voulant les aider sans que cela soit trop facile, il fit tomber l’œuf afin que le lapereau doive se précipiter dessus puisque de nouveaux compétiteurs arrivaient au loin. Entendant un bruit à travers les branches, le jeune concurrent leva les yeux et dut détaler pour se le procurer avant que la fratrie de son meilleur ami ne le saisisse. 

Après avoir récolté cet œuf, la famille était confiante de remporter la compétition. Cependant, l’honneur et l’orgueil l’incitaient à en trouver davantage : ses membres se dirigèrent vers le lac, sachant que certains œufs seraient découverts parmi les quais. Ils y rencontrèrent à nouveau le lièvre. Rancunier, celui-ci se disait qu’il prendrait sa vengeance dès que son rival se trouverait près de lui. Aussitôt que la distance fût réduite, il l’expédia dans le lac. Abandonnant les œufs, la lapine se jeta à la poursuite de son époux qui ne savait pas nager afin de le sauver, mais elle ne réussit qu’à l’extirper du lac, couvert de chocolat. Elle pleura, face au soleil qui sécha le cacao liquide, figeant ainsi son mari dans la mort. Les petits lapereaux, inconscients de l’ampleur du drame, se mirent à pleurnicher, terrifiés par l’état de leur mère qui maudissait son jules de ne pas avoir bu à la carotte pour se porter chance et éviter cet événement malheureux. 

Or, survolant le lac, le phénix avait tout vu de la mesquinerie du lièvre. Il avait vu la lapine se débattre pour sauver son mari et avait été touché par ce geste d’amour. L’oiseau somptueux se dirigea vers la famille, et se posa près du mort, étalant ses ailes. Voyant le désespoir dans les yeux des lapereaux, il fit couler une de ses larmes et le chocolat se fendit en deux morceaux, gardant intacte la forme du lapin. Libéré du poids du cacao, le père ressuscita comme un phénix renaît de ses cendres grâce à cette larme qu’il chérit autant que l’eau de Pâques.  

Le lapin regrettait son insouciance, car le lièvre aurait ainsi la victoire en ayant dérobé leur récolte. Or, malgré la défaite, il savait qu’il garderait en mémoire la joie de ce moment en compagnie de ses enfants. Repartant chercher d’autres trésors pour le simple plaisir, les lapereaux s’entraidaient pour sortir les œufs camouflés dans les endroits les plus difficiles d’accès. Ils allèrent remettre leur butin au maire qui s’apprêtait à couronner le vainqueur quand le phénix se présenta pour mentionner la fraude de ce dernier. L’oiseau avait emmené les morceaux de chocolat pour montrer qu’il disait la vérité et que la victoire devait être accordée à la famille lapinesque. Le maire fut terriblement déçu de la tricherie du lièvre qu’il condamna à se priver de toute  participation à cette traditionnelle chasse qui se poursuivit d’année en année, au grand plaisir des jeunes. 

Joyeuses Pâques

mercredi 31 octobre 2012

Défi Photograture


Voilà une photo prise sur le vif de mon mari et de ma soeur, il y a quelques années. Oui, ma soeur et moi avions décidé de nous marier le même été et même si nous nous appellions Anna et Katia, nous étions civilisées et ne nous faisions pas la guerre des mariées. Comble de malheur, nous avions décidé d'aller magasiner notre robe de mariée la même journée. Mon mari, qui comme à son accoutumée ne m'avait pas écouté - ah les gars, regarda à l'intérieur d'une boutique de robes puisqu'il aimait les regarder et se laisser à rêver à ce que je pourrais être dans celles-ci; eh oui, il était un incorrigible romantique, malgré ce que la société demandait des vrais hommes, surtout des hommes d'affaire forts et invincibles. Il aperçut ma soeur de côté et crut que c'était moi, car malgré notre année de différence, nous nous ressemblions plus que des jumelles identiques. Il fallait un oeil très attentif pour voir des comparaisons dans nos nez légèrement difformes. Comme mon mari voulait préserver le bonheur de notre futur mariage, il s'enfuit, essayant de chasser de ses pensées le fait qu'il m'avait vu dans ma robe. Or, ma soeur l'avait aperçu rapidement et l'ayant vu détaler à la course, partit à sa poursuite, le coeur léger, pour le rassurer. Mon mari courait à vive allure et ne pensa pas à prendre l'escalier que ma soeur n'aurait pu grimper, s'enfargeant dans sa robe. Ma soeur lui criait après, et ce n'est qu'après plusieurs cris qu'il se rendit compte qu'il ne s'agissait pas de moi. Il recommença alors à se détendre et ralentit sa course, et se remit à sourire. Aujourd'hui, il ne peut qu'en rire et se dire qu'il est mal pour les garçons d'être voyeur!

Ce texte est la propriété de la personne utilisant le pseudonyme isallysun. 

mercredi 9 mai 2012

Songes du crépuscule



Lentement, on se berce
Face à cette beauté
Tendre qui nous caresse
Dans le rêve éveillé.

Majuscules. Minuscules
Pendant qu'on se sent laid.
Puis, tout bascule en ces
Songes du crépuscule.

On n'est que rêve. On rêve
De trouver cette trêve
De réalité froide
Créée par des escouades.

On fuit la peur du ridicule;
On se jette à l'eau
Et on plonge dans nos
Songes du crépuscule.

© isallysun

mercredi 25 avril 2012

L'âme en peine


Voilà un petit texte écrit dans le cadre du défi d'écriture sur Babelio dont le thème était Sibérie
L’âme en peine
J’ai l’âme en peine, je suis remplie du froid de la culpabilité. J’ai honte, je n’arrive pas à croire que je suis d’une race remplie de cruauté.  J’ai froid, plus froid qu’il ne le fait en Sibérie. Tant de haine, tant d’histoires en moi. Je regrette ce passé, ces crimes commis par mes ancêtres. Toutes ces disparitions me redonnent froid dans le dos. 

Je lève les yeux. Je vois cette jeune fille dans la glace. Elle semble perdue, désemparée. La glace la rend encore plus glaciale, Son regard est froid, sans émotion. Elle remua, se sentant observée, Elle serra de plus belle le livre contre elle comme pour le protéger. Ou plutôt, était-ce pour se protéger d’elle-même. Elle utilisa le livre comme un bouclier contre le monde qui était au courant des crimes familiaux. 

Qui avait eu l’idée d’enlever cette Anasthasia? Qui l’avait fait disparaître dans cette paisible Sibérie? Qui lui avait pris son identité? Avait-elle trouvé refuge dans cette grande étendue? Avait-elle une descendance? Le mystère serait-il résolu?
La fille devrait-elle se protéger éternellement avec ce livre? Pourrait-elle se regarder à nouveau dans la glace sans frémir de honte et de dégoût? Pardonnerait-elle à ses ancêtres? Je détestais tant ce visage de culpabilité que renvoyait cette inconnue que je trouvais la Sibérie extrêmement chaude.
L’inconnue serra encore de plus près le livre contre elle. Elle semblait le prendre comme un masque pour cacher sa réelle identité. Elle voulait que celle-ci demeure inconnue aux yeux de tous, qu’elle soit perdue comme Anasthasia dans l’immensité de la Sibérie. 

Elle ne voulait pas être découverte. Elle avait l’impression qu’elle perdrait tout si sa véritable nature était découverte. Elle aurait également aimé être soi-même, sans faux-semblants, mais toute cette culpabilité la retenait. 

Elle aurait aimé que le masque soit levé. Elle voulait se délivrer du combat avec soi-même! Elle voulait se délivrer de cette muraille, tromper les façades qu’elle avait établies autour d’elle. Elle voulait alléger les bourrasques qui la retenaient prisonnières. Elle voulait tromper les fusils de toutes ces guerres froides. Elle aurait voulu prendre le Transsibérien et s’échapper de son passé. 

Je la regardais et cette inconnue me faisait peur. J’étais désolée pour elle. Je voulais qu’elle réalise qu’elle ne devait pas souffrir de la cruauté de ses ancêtres. Je ne me reconnaissais pas dans cette jeune. Je cherchai le courage en moi. Je voulais qu’éclate les barrières. Je voulais effacer ce passé tourmenté. Je pris mon courage à deux mains et lançai le livre que je tenais contre moi sur la glace. Je me sentis libérée des pêchés de mes ancêtres. 

©isallysun©

jeudi 15 mars 2012

Inspiration recherchée à l'estaminet

Lilianne ne cessait de fixer l’horloge accrochée au haut du tableau. Il était temps que finisse ce cours de philosophie. Enfin, son dernier. Plus jamais de cette horreur! La discussion lancée sur l’euthanasie l’ennuyait mortellement; le professeur était incapable de mener à bien ce débat. Lilianne entendait l’appel de son estomac qui gargouillait sans cesse. Elle commença à ranger discrètement ses choses, malgré le regard réprobateur du professeur. Lorsqu’elle eut fini, l’aiguille des minutes arrivait sur le chiffre 55 et c’est avec soulagement que Lilianne se leva pour quitter cette salle.

Elle se dirigea rapidement au restaurant qui jouxtait le cégep. Ou plutôt était-ce un café, un estaminet, un pub, une halte-bouffe, un resto-pub, un bistro? Bref, appelez cet endroit comme vous le voulez. Vous en serez charmés dès que vous passerez en ces abords. Seul les résidants de la place savent qu’il passe tour à tour par les noms énumérés précédemment.

Voyant qu’il restait peu de place sur la terrasse, Lilianne se dépêcha de s’asseoir à une table. La serveuse vint lui apporter le menu et repassa prendre la commande quelques minutes plus tard. Lilianne n’avait pas tardé à faire son choix; une délicieuse pizza fine, spécialité du restaurant. Les effluves l’enivraient d’ores et déjà et elle ne pouvait que penser au délice que ses papilles goûteraient dans quelques minutes.

Pendant l’attente, Lilianne sortit un petit calepin de son sac et prit son crayon. Elle espérait que l’inspiration viendrait. Elle devait rendre dans deux semaines un léger recueil de nouvelles et de poèmes pour son projet intégrateur en Arts et Lettres. Elle observa les passants qui marchaient sur la rue à la recherche d’inspiration. Elle fit la même chose avec les clients du restaurant. Elle observa même les boiseries qui donnaient un air vieillot à l’établissement. Or, il n’en résultait sur son calepin que des mots épris de rayures multiples. Elle vit un autre étudiant qui lisait, à ce qu’elle crut distinguer en caractère gras, Le Lièvre et la Perdrix. Elle essaya de passer en revue les fables qu’elle connaissait. Parfois, par hasard, un simple détail l’accrochait et lui faisait miroiter mille idées. Ce soir-là, la bonne inspiration ne venait pas, même avec les lointains accords désabusés et accrocheurs du chansonnier qui se trouvait à l’intérieur.

Entourée de tant de gens, elle se sentait seule face à son problème. Elle ne parvenait même pas à y trouver un regard réconfortant. Son repas arriva et elle dut se dépêcher à manger. Son travail d’étudiante qui se trouvait dans une boutique de vêtements à quelques pas de là ne tolérerait pas de retard.

Après sa soirée à la boutique et être passée se préparer pour une fin de soirée enchantée, Lilianne alla rejoindre ses amis. Elle arriva seule, feignant l’indépendance, mais en était-ce vraiment. Avait-elle plutôt peur de trop s’accrocher aux gens qui l’entouraient. L’endroit avait pris des allures plus près des tavernes. L’air ayant trop rafraîchi pour demeurer sur la terrasse, le groupe décida de rentrer s’asseoir à l’intérieur; ils auraient bien d’autres occasions de venir s’y asseoir au courant de l’été. Ils s’installèrent au bar légèrement recourbé. Même s’ils en connaissaient presque par cœur chaque détail, la serveuse leur apporta, par habitude, la carte des vins. Vins, bières, cocktails, cidres, kirs, shooters, tout, absolument tout s’y trouvait. Dans l’ambiance feutrée, les amis hésitèrent longuement avant de se décider. Ils optèrent finalement pour se séparer un pichet, ou plutôt quelques, pichet de bière blonde.

Sur une trame de fond sonore de juke-box, le groupe d’amis parle de leurs projets pour l’été qui s’annonce. Ils discutent des professeurs qu’ils ont eus au courant de la session et de leurs inquiétudes face aux examens qui s’annoncent. L’un deux remarque que Lilianne semble s’ennuyer. Il la questionne. Celle-ci prétexte la fatigue. Elle ne veut surtout pas l’ennuyer avec ses problèmes, ses inquiétudes, ses questionnements. Elle préfère garder cela en elle, même si elle sait que ce n’est pas bon pour le moral et la santé. Elle détourne le regard pour ne pas qu’on y perçoive son découragement.

Lilianne préfère noyer celui-ci dans le verre qui se trouve en face d’elle. Elle espère que l’inspiration s’y trouvera. Elle se dit que les effluves d’alcool mélangées à celle du bois vieilli devraient lui rendre ce service après quelques heures passées dans ce lieu désabusé. Elle ignore que c’est elle qui fuit ses problèmes, qui fuit son inspiration.

Le groupe d’amis quitte le café qui s’était transformé en pub l’instant de quelques heures. Ils vont danser à la discothèque qui se trouve tout juste à côté. Lilianne est la première à se retrouver sur la piste de danse. Elle ose ainsi espérer que certains lui témoigneront qu’une once d’attention dans sa détresse qu’elle tente de cacher par tous les vices.

Puis arrive le moment où le tenancier invite le disc jokey à faire jouer des slows. Lilianne ramasse ses choses et quitte seule la discothèque, le cœur léger ou en furie, elle ne saurait dire. Elle repasse devant l’Estam et voit la lumière tamisée au fond du bar. Elle a envie de s’y réfugier à nouveau, mais voit le propriétaire compté sa caisse. Il est trop tard pour aller se réconforter face à toutes ces déroutes, face à toutes ces rancœurs que les gens y ont laissées. Elle s’en veut de ne pas avoir trouvé l’inspiration face à tous ces drames, face à tous ces rêves inachevés, face à toutes ces noyades de chagrin.

Elle poursuit son chemin et laisse enfin ces larmes coulés, à l’abri des regards indiscrets, à l’abri des questions. Elle ne réalise pas que l’inspiration se trouve plus près qu’elle ne le pense et a envie d’hurler son désespoir à la Lune qui semble la narguer de sa ronde blancheur. Elle ne réalise pas que l’inspiration ne se trouve pas aux abords des drames des estaminets de ce monde, elle ne réalise pas que l’inspiration se trouve d’abord en soi.

©isallysun, dans le cadre des défis littéraires de Babelio

mardi 28 février 2012

La plus belle des mélodies

Écrit dans le cadre des défis littéraires de Babelio, il me fait plaisir de vous partager un texte qui a ravi les babelionautes (et je n'ai dit pas cela avec prétention!)

La plus belle des mélodies
 
Mélodie était couchée dans son lit. Elle regardait le plafond. Au loin, elle entendait le bruissement du vent et le stridulement des criquets. Son oreille distinguait les plaintes lointaines de la ville qui s’apprêtait à sombrer dans les bras du marchand de sable. Quelques voitures grondaient au loin. Elle entendit une moto partir et celle-ci dut surement faire une trace. Le bruit de son départ avait raisonné au loin. C’était la rumeur de la ville qu’elle percevait au travers les moustiquaires de sa fenêtre.

Elle aurait aimé entendre le déferlement des vagues sur les rochers, les feuilles partir au vent, les légers craquements des brindilles sous le poids léger de la faune. Un doux mélange de cacophonie de la nature, euphorie relaxante. Cependant, ce qu’elle entendait c’était les coups de fusil et les cris. La télévision menaçait de faire trembler les murs de sa chambre. Il ne valait pas le coup de se lever et d’aller se plaindre; elle se serait fait rabrouée en se faisant rappeler avec un ton empreint d’une légère crispation qu’ils étaient chez eux ici et qu’ils pouvaient écouter leur télévision au volume qu’il voulait.

Alors, elle retenait ses larmes. Son téléphone cellulaire reposait à ses côtés. Elle avait choisi le thème de la Mélodie du bonheur comme sonnerie. Or, le bonheur ne sonnait pas souvent à sa porte. Elle le regardait là, impassible. Elle savait qu’il ne sonnerait pas pour elle, mais elle le regardait tout de même, attendant que le miracle se produise. Elle n’avait personne à qui elle pouvait téléphoner pour proposer une activité afin d’échapper au rythme infernal de la danse de ses émotions. Elle enrageait au fond d’elle d’endurer ce vacarme, si lointain dans son cœur, mais si proche qu’elle essayait de l’ignorer, en vain.

Mélodie n’en put plus de ces cris stridents, sans but précis. Elle alluma la radio afin de faire compétition au vacarme du bruitage d’un film qui ne serait jamais un classique, encore moins un chef-d’oeuvre. Celle-ci laissait transparaître des accords épars et une musique qui semblait n’aller nulle part. On aurait dit des compositions faites sur le bout d’un comptoir, sans égard aux mots, sans égard aux émotions, sans aucune notion de solfège. Toutes les musiques étaient composées sur des airs de techno désabusés. Les rimes étaient plates, aucune n’était riche. Cela la désolait. Elle avait l’impression que l’on faisait honte à Vigneault, Leclerc, Lennon, Piaf, et bien d’autres plus grands encore. Ces grands l’avaient bercé lors de son enfance au rythme envoûtant de leur symphonie et de leur accord à faire frémir les poils sur le bras. Ils l’avaient même bercé bien avant sa naissance et c’est sous les coups de pied intenses sous les chants que sa mère avait décidé de l’appeler Mélodie. Elle essaya de se concentrer sur les paroles pour découvrir une once de poésie, mais les rythmes effrénés qui se juxtaposaient mal la déconcentraient.

Elle enrageait de ne pas pouvoir apprécier cette beauté du monde. Elle tenait tant à relaxer en ce moment où elle le nécessitait. Elle aurait bien joué du piano, mais ses doigts étaient trop courts pour devenir prodigue. De la flûte traversière, mais elle n’avait aucun souffle pour tenir la note bien qu’elle ait un souffle de sportive, un souffle trop saccadé pour rendre les notes en toute harmonie. Du violon, oui, elle pourrait, mais elle n’était pas assez persévérante pour apprendre les partitions des œuvres classiques des plus anciens compositeurs. Elle préférait se décourager de la déchéance des harmonies du monde, et pas seulement des harmonies musicales. L’horreur rôdait autour d’elle, et cette horreur ne l’aidait pas à percevoir qu’elle seule était l’artisane de sa mélodie du bonheur.

Elle aurait plutôt du s’appeler Mélancolie, et non Mélodie. Mais il n’en demeurait pas moins que les mélancolies et les tristesses de ce monde couchaient les plus belles symphonies à travers les cordes du papier sur lequel elles prenaient vie et forme. L’écho des émotions vibrait à travers les mots et le solfège y était déposé par la suite. Cela rendait toute création magnifique, magique et on s’en laissait imprégnée au fond de nous, selon notre vécu. Mélodie rageait de ne pouvoir en faire partie au travers du brouhaha qui étreignait son cœur.

Elle se leva et prit un crayon. Elle le laissa courir sur le papier. Elle laissait sa rage, ses inquiétudes, ses déchirures la guider. Elle couchait les mots sur le papier à la vitesse de l’éclair. Mélodie se laissait guider au rythme de ses pulsations. Toute la noirceur de son existence se retrouvait prisonnière du papier. Elle avait le rythme en elle. Elle tentait de décrire la beauté et l’espérance pour la sortir de l’enfer où elle sombrait peu à peu. Elle avait été morcelée dans son enfance et écrivait pour sa délivrance. Elle était prisonnière de son cœur, mais savait que la liberté et l’indépendance serait pour elle bientôt. Elle voyait les mots se former sur le papier, les rayures barrer ces mauvais moments pour ne garder que la plus belle symphonie de la mémoire de sa vie. La plume était vive, triste, intuitive, joyeuse. Au travers du bruit ambiant, Mélodie avait trouvé son cocon qui la transformait en papillon et épuisait les mots du cœur au travers des partitions de sa mélancolie. Elle couchait la plus belle mélodie, le plus beau lyrisme, la plus belle poésie, la plus belle prose, envoûtante, berçante, mystérieuse, la mélodie des mots.
® ©isallysun ©

lundi 20 février 2012

Défi littéraire de photographie

Écrit dans le cadre du défi littéraire de Babelio, j'ai le plaisir de vous partager un texte que j'ai composé en m'inspirant un peu de cette photographie.


La mer est calme et tumultueuse à la fois. On doute de la solidité du quai car l’image transmet trop de mouvement. Le ciel semble vouloir s’assombrir. Est-ce un parent qui est à la poursuite de l’enfant? Que pointe-t-il? Ou est-ce plutôt une course pour retrouver l’enfant qui semble s’apprêter à se jeter à l’eau? Mais bon, je ne vous décrirai pas toute l’image; vous avez des yeux comme moi pour l’observer. Mais saurez-vous vous arrêter assez longuement, immobile pour voir toute la beauté en elle? Trouverez-vous aussi les sentiments qui me transcendent en elle? Il n’a suffit que d’une seconde pour la saisir, mais de longues minutes pour s’arrêter et percevoir tout le mouvement, toute l’émotion qui se trouve dans une si simple image. Allez, que faites-vous à lire ce texte? Prenez une pause et saisissez la magie de l’instantané! Regarder en silence et laissez-vous bercer par la musique qu’elle vous transmettra. N’est-ce pas qu’elle est belle? N’est-ce pas qu’elle vous comble et vient vous chercher? Et dire qu’il ne s’agit que de pixels, que d’un simple moment journalier. Mais oh combien cette image se fixe dans mon cerveau et m’émerveille dans ces détails! Je vous avais demandé d’observer la photographie car je ne voulais pas me complaire dans la description de la lumière; d’ailleurs, ce que je voulais vous dire est que ce qui importe dans l’art, c’est de savoir s’arrêter pour trouver la lumière du moment et la lumière des sentiments!