Quelques-uns de mes écrits, que ce soit de courtes nouvelles, des contes ou des poèmes!

Je mets mon coeur sur papier
Pour que soient gravées
Toutes mes émotions dans l'éternité
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mardi 26 mars 2013

La chasse aux oeufs



Ce matin-là, un lapin se dirigea vers la source de la rivière pour y cueillir l’eau pure et regorgeant de propriétés magiques en cette journée. Comme les années précédentes, il traînait avec lui une gourde en forme de carotte à laquelle boiraient ses enfants. Ces derniers dormaient sous l’œil attentif de leur mère avant de partir à la traditionnelle chasse organisée par le maire. Exalté par la perspective de celle-ci, le lapin s’exécuta rapidement et revint au terrier. La lapine réveilla les jeunes rongeurs tout excités face à la vue de la journée à venir. Pour les calmer et les faire profiter des vertus merveilleuses de l’eau, leur père les fit boire à la gourde, mais il ne prit aucune gorgée croyant que la chance allait de paire avec la cueillette. Il discuta de la stratégie à adopter afin que les lapereaux dénichent les cachettes et récoltent les œufs qui s’y trouveraient.

Dans l’espoir d’être proclamés victorieux, les habitants du terrier partirent à la quête des œufs pour en ramener autant que possible au maire. Tout allait pour le mieux : chacun des enfants filait à tour de rôle en collecter un quand, soudain, le plus jeune de ceux-ci se trouva face au lièvre. Participant à la compétition, le sauvageon voulait dérober l’œuf au lapereau. Le lapin le vit faire, accourut à la défense de son bébé et rappela les règles, mais le voleur les transgressa et frappa son adversaire. Ce dernier dut se défendre malgré les regards outragés de la lapine qui ne voulait pas que son cadet aperçoive cette bataille. En allant chercher son fils pour éviter qu’il reçoive des coups, elle en profita pour ramasser l’œuf qu’il avait déniché. Le combat continua : les adversaires roulaient l’un par-dessus l’autre et les glapissements emplissaient l’air. Parvenant à se libérer, le tricheur réalisa que l’objet de sa convoitise n’était plus là. Il déguerpit à la recherche de nouveaux trésors, sachant que, même s’il n’avait pas mis la main sur celui-ci, il avait fait perdre un temps précieux à la famille lapinesque et cela le comblait. 

Le lièvre parti, les lapins retournèrent dans les sentiers poursuivre leur investigation. Le cœur léger, blaguant et riant aux éclats, ils serpentaient à travers les arbres qui semblaient leur chuchoter le chemin à prendre. Les jeunes cueillaient toujours successivement les coquilles blanches découvertes, et les remettaient à leur mère. Puis, ils virent qu’un œuf était sur l’une des plus hautes branches d’un érable. Un lapereau tenta d’y grimper, mais il n’y parvint pas même en prenant appui sur l’entaille faite pour récolter le suc. Il fit plusieurs tentatives infructueuses et il s’affaissa auprès des siens. À cet instant-là, l’écureuil qui sortit de son trou eut plein d’empathies pour la famille à ses pieds. Voulant les aider sans que cela soit trop facile, il fit tomber l’œuf afin que le lapereau doive se précipiter dessus puisque de nouveaux compétiteurs arrivaient au loin. Entendant un bruit à travers les branches, le jeune concurrent leva les yeux et dut détaler pour se le procurer avant que la fratrie de son meilleur ami ne le saisisse. 

Après avoir récolté cet œuf, la famille était confiante de remporter la compétition. Cependant, l’honneur et l’orgueil l’incitaient à en trouver davantage : ses membres se dirigèrent vers le lac, sachant que certains œufs seraient découverts parmi les quais. Ils y rencontrèrent à nouveau le lièvre. Rancunier, celui-ci se disait qu’il prendrait sa vengeance dès que son rival se trouverait près de lui. Aussitôt que la distance fût réduite, il l’expédia dans le lac. Abandonnant les œufs, la lapine se jeta à la poursuite de son époux qui ne savait pas nager afin de le sauver, mais elle ne réussit qu’à l’extirper du lac, couvert de chocolat. Elle pleura, face au soleil qui sécha le cacao liquide, figeant ainsi son mari dans la mort. Les petits lapereaux, inconscients de l’ampleur du drame, se mirent à pleurnicher, terrifiés par l’état de leur mère qui maudissait son jules de ne pas avoir bu à la carotte pour se porter chance et éviter cet événement malheureux. 

Or, survolant le lac, le phénix avait tout vu de la mesquinerie du lièvre. Il avait vu la lapine se débattre pour sauver son mari et avait été touché par ce geste d’amour. L’oiseau somptueux se dirigea vers la famille, et se posa près du mort, étalant ses ailes. Voyant le désespoir dans les yeux des lapereaux, il fit couler une de ses larmes et le chocolat se fendit en deux morceaux, gardant intacte la forme du lapin. Libéré du poids du cacao, le père ressuscita comme un phénix renaît de ses cendres grâce à cette larme qu’il chérit autant que l’eau de Pâques.  

Le lapin regrettait son insouciance, car le lièvre aurait ainsi la victoire en ayant dérobé leur récolte. Or, malgré la défaite, il savait qu’il garderait en mémoire la joie de ce moment en compagnie de ses enfants. Repartant chercher d’autres trésors pour le simple plaisir, les lapereaux s’entraidaient pour sortir les œufs camouflés dans les endroits les plus difficiles d’accès. Ils allèrent remettre leur butin au maire qui s’apprêtait à couronner le vainqueur quand le phénix se présenta pour mentionner la fraude de ce dernier. L’oiseau avait emmené les morceaux de chocolat pour montrer qu’il disait la vérité et que la victoire devait être accordée à la famille lapinesque. Le maire fut terriblement déçu de la tricherie du lièvre qu’il condamna à se priver de toute  participation à cette traditionnelle chasse qui se poursuivit d’année en année, au grand plaisir des jeunes. 

Joyeuses Pâques